L'Académie d'Armes de France : son histoire
De tout temps, l'homme a pratiqué l'escrime que ce soit pour défendre son pays, protéger sa famille, mais également comme un art de vivre. Et la manière de pratiquer les armes blanches avec efficacité et panache ne s'apprend qu'au plastron du Maître d'Armes.
Au XVIè siècle
Nos anciens l'ont bien compris et en 1567, les Maîtres d'armes décident de se regrouper en corporation, les "Joueurs et escrimeurs d'espées de la ville de Paris", pour faire reconnaître leur profession et faire en sorte que l'escrime soit enseignée par des gens qualifiés. Ils rédigent des statuts qu'ils proposent au Roi Charles IX qui les valident par lettres patentes du 7 décembre 1567, il y a 450 ans.
Les rois, qui se succédèrent, confirmèrent les statuts et accordèrent lettres patentes à la communauté.
Henri III, le 12 décembre 1585, modifie les lettres patentes de son frère en rajoutant notamment que toute personne qui voudra "parvenir à la dicte maîtrise sera tenue de servir de prévôt ou de garde de salle pendant quatre ans".
Henri IV, en 1588, confirme ces lettres patentes.
Au XVIIè siècle
Louis XIII, en mars 1635, édicte que "pour la santé de de notre état, pour la discipline militaire et pour le repos public, les gentilshommes ou autres de condition roturière qui veulent faire profession des armes reçoivent les premiers préceptes, instructions et adresses des maistres bien expérimentés du faict d'armes".
Dans les académies militaires et dans les académies de manège l'enseignement de l'escrime est donné en même temps que l'équitation, les mathématiques et la danse. Le Roi fixe à six ans le stage de prévôt dans les Académies.
Louis XIV, le 14 mai 1656, accorda son blason à la compagnie des Maîtres en faicts d'Armes de la ville et des Faux bourgs de Paris : sur champ d'azur, à deux épées mise en sautoir, les pointes hautes, les pommeaux, poignées et croisées d'or, accompagnées de quatre fleurs de lys, avec timbre au-dessus de l'écusson et trophées d'armes autour. D'autre part, le futur Roi Soleil octroie aux six Maîtres d'Armes ayant plus de vingt années d'exercice la noblesse héréditaire.
Louis XIV, en 1685, face au développement des professeurs marginaux, proclame des sentences mises en place par le Procureur du Roy contre des Maîtres d'Armes dits "ferrailleurs".
Aux XVIIIè et XIXè siècles
En 1789, l'élan patriotique incite les cadres de l'école à mettre leurs épées au service de la Nation. Certains Maîtres s'engagent dans le nouveau régime d'autres restent fidèle à l'ancien.
En 1791, la corporation est dissoute et le chacun pour soi remplace le légendaire tous pour un et un pour tous des Mousquetaires.
En 1873, l'escrime militaire se réorganise et est créée la section escrime de l'école de Joinville.
Le 31 décembre 1886, d'éminents Maîtres d'Armes, tous militaires, Gatechair, Berges, Rouleau et Vigeant créent l'Académie d'Armes en souvenir de l'ancienne communauté des Maîtres en faicts d'armes de la ville et faux bourgs de Paris.
Sa devise est "ARS PRO PATRIA" qui remplace le slogan : "ne la tire pas sans raison, ne la rentre pas sans honneur !"
Aux XXè et XXIè siècles
A la belle époque, l'Académie est obligée, en ce qui concerne son administration propre, son autorité morale et ses manifestations sportives, de se rattacher à la Fédération Nationale d'Escrime Française nouvellement créée avec le Ministre Maginot comme président.
À la fin des années 1940, un regroupement des Maîtres et enseignants d'escrime prend le nom d'Académie d'Armes de France présidée par Lucien Mérignac.
Son but est de représenter la maîtrise auprès des pouvoirs publics et privés, de contribuer au développement de l'escrime ainsi qu'à la définition et au perfectionnement de ses principes, de ses règles, de ses techniques et de ses méthodes d'enseignement.
Après les Maîtres Gauthier, Jeanty, et Blaviel, Michel Pécheux prend en 1966 la présidence de l'Académie, durant laquelle il va proposer le diplôme d'aide moniteur et de moniteur, et le brevet de prévôt fédéral. Il obtient également la participation des maîtres à l'administration de l'escrime.
Se sont succédés au poste de Président les Maîtres Pierre Lacaze, Ernest Foucteaux et Claude Carliez ce dernier ayant assumé cette responsabilité entre 1988 et 2012. L'Académie d'Armes de France est présidée depuis 2012 par Maître Michel Olivier.
L'Académie poursuit toujours son but de défense de la maîtrise, de la profession d'enseignant d'escrime, du maintien des valeurs qu'elle transmet, et du développement de l'escrime en parfaite relation avec la Fédération Française d'Escrime et l'Académie d'Armes Internationale.